Les erreurs courantes à éviter dans la gestion de la trésorerie d’une entreprise
La gestion de la trésorerie est l’un des piliers fondamentaux de la santé financière d’une entreprise. Une trésorerie bien maîtrisée permet de faire face aux dépenses quotidiennes, d’honorer ses engagements à court terme, de financer ses investissements et de traverser les périodes d’incertitude. À l’inverse, une gestion approximative ou négligée peut rapidement conduire à des tensions de liquidités, voire à des difficultés financières majeures, même pour une entreprise rentable sur le papier.
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon des erreurs les plus fréquentes dans la gestion de la trésorerie et des conseils pratiques pour les éviter.
1. Confondre trésorerie et rentabilité
L’une des erreurs les plus courantes chez les dirigeants, notamment dans les petites entreprises ou les start-ups, est de penser que la rentabilité (le fait de générer du bénéfice) garantit une bonne trésorerie.
Pourquoi c’est une erreur ?
La rentabilité est une notion comptable, tandis que la trésorerie correspond aux liquidités réellement disponibles. Une entreprise peut être bénéficiaire tout en étant en manque de liquidités si, par exemple, ses clients paient en retard, ou si elle investit massivement sans financement adapté.
Conseil : Suivez de manière indépendante votre compte de résultat et votre plan de trésorerie. Les deux doivent être analysés de concert, mais jamais confondus.
2. Ne pas établir de plan de trésorerie prévisionnel
Gérer la trésorerie à vue, sans outil de projection, revient à naviguer sans boussole. Le plan de trésorerie prévisionnel permet d’anticiper les encaissements et décaissements mois par mois, et d’identifier à l’avance les périodes de tension.
Conséquence d’un manque de prévision :
- Découvert bancaire imprévu
- Retard de paiement des fournisseurs
- Difficulté à payer les salaires ou les charges sociales
Conseil : Mettez en place un plan de trésorerie glissant sur 6 à 12 mois, mis à jour régulièrement. Utilisez un outil simple (Excel, logiciel de trésorerie ou ERP) et impliquez les services concernés (comptabilité, ventes, achats).
3. Sous-estimer les délais de paiement clients
Accorder des délais de paiement est souvent nécessaire dans une relation commerciale. Toutefois, ne pas contrôler ces délais ou négliger le suivi des encaissements peut gravement impacter la trésorerie.
Erreurs fréquentes :
- Absence de conditions de paiement claires
- Mauvais suivi des relances
- Acceptation de délais excessifs sans contrepartie
Conséquence : Les créances clients s’accumulent, l’entreprise finance involontairement ses clients.
Conseil :
- Fixez des délais réalistes et négociez si besoin.
- Mettez en place un processus de relance systématique.
- Surveillez le DSO (Days Sales Outstanding – délai moyen de paiement client) et améliorez-le progressivement.
4. Oublier les décaissements récurrents et les charges exceptionnelles
Certaines charges sont invisibles au quotidien, mais peuvent lourdement impacter la trésorerie si elles ne sont pas anticipées : primes annuelles, impôts, remboursements d’emprunts, charges sociales trimestrielles, etc.
Erreur typique : Se croire en excédent de trésorerie après une période de fortes ventes, sans tenir compte des décaissements futurs prévus.
Conseil :
- Listez toutes les charges fixes et périodiques dans votre plan de trésorerie.
- Constituez une trésorerie de sécurité ou une provision pour faire face aux périodes creuses ou aux charges exceptionnelles.
5. Mal gérer les stocks
Un stock trop important immobilise de la trésorerie, tandis qu’un stock insuffisant peut faire perdre des ventes. Trouver le bon équilibre est un véritable enjeu.
Erreur fréquente : Acheter massivement pour bénéficier de remises fournisseurs, sans tenir compte de la capacité de revente ou des besoins réels à court terme.
Conséquence : Augmentation du BFR (besoin en fonds de roulement), risques d’obsolescence, surcharge de trésorerie.
Conseil :
- Mettez en place une gestion fine des stocks avec des seuils de réapprovisionnement.
- Suivez les rotations de stock et évitez l’achat impulsif de marchandises.
- Intégrez la valeur des stocks dans votre plan de trésorerie.
6. Négliger la relation avec les banques
Les banques sont des partenaires clés pour soutenir la trésorerie. Attendre d’être en difficulté pour solliciter un découvert ou une ligne de financement est une erreur fréquente.
Erreur : Approcher son banquier en urgence, sans dossier solide ni prévisionnel à jour.
Conséquence : Conditions défavorables, refus de financement, dégradation de la relation de confiance.
Conseil :
- Entretenez une relation régulière avec votre chargé de compte.
- Présentez des états financiers clairs, un plan de trésorerie bien structuré et anticipez vos besoins.
- Diversifiez vos partenaires financiers pour plus de flexibilité.
7. Ignorer les opportunités d’optimisation
La gestion de trésorerie n’est pas qu’une affaire de contraintes : c’est aussi un levier de performance. Trop d’entreprises se contentent de survivre financièrement au lieu d’optimiser leur gestion.
Exemples d’opportunités ignorées :
- Négociation de délais fournisseurs plus longs
- Escompte pour paiement anticipé
- Financements court terme (affacturage, crédit de campagne, etc.)
- Utilisation d’outils digitaux pour le pilotage de trésorerie
Conseil : Analysez régulièrement vos flux financiers. Automatisez ce qui peut l’être, utilisez des indicateurs de performance (solde net de trésorerie, délai de recouvrement, etc.) et agissez de manière proactive.
8. Se passer d’un tableau de bord de trésorerie
Suivre la trésorerie uniquement via le compte bancaire est une erreur fréquente, surtout dans les petites structures. Cela donne une vision partielle et déformée de la réalité.
Conséquence : Décisions prises à l’aveugle, mauvaise anticipation, stress au quotidien.
Conseil :
- Mettez en place un tableau de bord de trésorerie avec indicateurs clés : encaissements prévus, décaissements, solde à date, soldes prévisionnels.
- Mettez-le à jour chaque semaine, voire quotidiennement en période critique.
- Diffusez l’information aux parties prenantes concernées (direction, finance, trésorerie).
9. Oublier l’effet de la saisonnalité
Certaines entreprises ont des activités fortement saisonnières, avec des pics et des creux de trésorerie. Ne pas en tenir compte peut provoquer des déséquilibres.
Erreur : Ne pas lisser les charges ou ne pas anticiper les périodes creuses.
Conseil :
- Identifiez les cycles de votre activité.
- Ajustez les flux de trésorerie en conséquence : report de charges, négociation de lignes de crédit, constitution de réserves.
- Prévoyez des financements adaptés à la saisonnalité (crédit de campagne, réserve de trésorerie…).
Conclusion
Une bonne gestion de la trésorerie repose sur l’anticipation, la rigueur et l’adaptabilité. Les erreurs dans ce domaine peuvent avoir des conséquences graves, allant jusqu’à la cessation de paiement. En évitant ces pièges classiques — mauvaise prévision, confusion entre bénéfice et liquidités, gestion hasardeuse des délais et des stocks, etc. —, vous renforcez la solidité financière de votre entreprise.
Gardez en tête qu’une trésorerie saine est non seulement un gage de sérénité, mais aussi un levier puissant pour financer votre croissance, négocier avec vos partenaires, et sécuriser l’avenir de votre activité.